mercredi, juin 15, 2016

S'acharner à aimer la pluie, l'hiver, les tempêtes,
pour le temps qu'elles expandent,
pour le silence, le monde à soi et le froid.

Le froid. Ce qu'on connait le mieux.

Les guerrières n'en finissent plus de frissonner.


L'asphalte mouillée sur tous les km ou on a roulé, loin, jusqu'à l'essence des souvenirs qui perlaient mes doigts de la sueur de ta nuque.

Je suis seule, paisible, les sens forcés ouverts de pluies fébriles, d'odeurs marines, entre le ciel et la mer qui s'apaisent, s'entrechoquent et me mêlent, indifférents au reste du monde éclaboussé.

Les humains ouvrent leurs écrans noirs, éteints, au dessus de leur tête et parent la pluie dont je veux m'emparer, liquéfiée, mes pieds à contre courant vers le fleuve.
Le soleil orange se perd dans l'eau et moi, dans les souvenirs.
Inspirer le salin en chiquant la salicorne.
Revenir. Écrire la paix, un bout, sur un bout de serviette déchirée, avec des tout p'tits mots.

Vider dans l'horizon le temps de ses urgences.

Superpositions translucides. On a changé et le ciel est resté le même, impassible à nos explosions, à notre permanence. L'histoire du monde dans l'immobile, la nôtre toute idem. Du vent dans mon foulard rouge préféré, celui des luttes, souvent lassé autour de mon cou.
Il vole insouciant au vent marin, léger.

Mes pieds dans le sable, je suis enracinée dans tout ce qui importe: rien du tout.

Liberté.
Avoir assez vécu
découvert aimé fui senti souffert joui respiré
pour posséder le privilège profond
celui de revenir, de creuser, de comprendre
du superposer les images.

Toucher l'infini
et habiter le silence
le profond dans les solitudes qui se fondent.