samedi, avril 13, 2019

La glace fend, les eaux coulent sur nos terres à nu, la vie verte enfonce l’air profane, où tout est neuf. La douleur pulse ma renaissance pendant que tu me fores à la mèche.

Je suis ton arbre, à l’aube du printemps.

Ma sève me frissonne les nuits gelées, tu la recueilles le jour, me porte à tes lèvres. Je m’évapore, me concentre. Je continue d’exister enracinée dans mes terres ensevelies, mes fugaces bourgeons touchant au ciel, pendant que tu me bois chaude et ailleurs.

Tu m’étires, me bats à pâlir, des litres de mon essence dans tes territoires inaccessibles, mon odeur sur le bout de ta langue, avec ces mots qu’on ne dira pas. Je suis ici, seule, forte de l’esprit de ma forêt éclaircie, capable de donner jusqu’à ce que tu t’en ailles aussi, à la fin du printemps.

Je suis de la vieille écorce. Je me souviens. Le printemps me coule. Tu as l’odeur de ses mains fripées, sans ses vestes à carreaux. Tu as la douceur périlleuse de ses silences de poète. Je ne sais plus qui me manque.

Je fond en larmes ambrées sur la neige.

Les enfants rient.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Je lis, et suis reconnaissant.

S.