jeudi, mai 11, 2006

Travailler avec elles

J'ai une mosaïque de visages, de sourires et de larmes dans la tête. Ils ne m'appartiennent pas, il m'habitent. Des visages, des images, elles ont toutes un nom. Tous différentes, toutes unies par leur vulnérabilité extrême. À chacune son histoire; maladie mentale, drogues, viol, rejet, abondon, folie, racisme, prostitution, VIH, retard intellectuel, violence... Ces mots, je les connait d'elles.

Il y a plus qu'aider, qu'écouter, il y a pire. Donner une couverture à une femme pour qu'elle couche dehors, et lui souhaiter bonne chance, par exemple. Et il y a toujours pire. Refuser, parce qu'on ne peut pas, alors qu'on voudrait tant. Regarder plonger, regarder mourir alors que le monde entier s'en moque.

C'est dur, tous les soirs, et en sortant, le monde semble si irréel. La terre continue de tourner alors que des gens souffrent. Sa rotation est la seule chose qui ait un sens.


Des bouts de papiers trouvés au travail ce soir. J'ai envie de leur donner la parole:

Yes, what I'm writing about is my older sister know by King Edwards family who was excommunicated from the church in England. Because they discovered he is actually the devil. My older siser was murdered by the family that murdered also the Kennedy's... - C. M.

Il est facultatif d'etre ou de ne pas être parfois il faut que l'on recommence a zéro et cela nous décourage à certain point que nous ne saurions plus ou en sommes nous dans notre enfer. C'est à ce moment ou période de notre vie que l'on se remet en question. - B. L.



C. qui croit avoir vu le diable couper sa soeur en morceau alors qu'elle observait, impuissante, au paradis.

M. petite fleur fanée à l'héroïne

M. qui vend son corps pour presque rien, puisqu'elle le déteste de toute façon

...


Je voudrais que ça n'existe pas.


Et pourtant, il y a plus de vie et de sincérité que partout ailleurs. C'est beau, fragile, c'est la vie qui renait, doucement, dans tout les coins.

Ce soir, C. a fait un vitrail... Il n'y a rien à ajouter.

Aucun commentaire: