jeudi, septembre 29, 2016

Le faucheur

Je ne t'ai jamais attendu. 
J'ai tracé les symboles qui manquaient à la nuit
J'ai couvert de mon keffieh, comme un père,
son petit corps d'enfant inanimé, en silence
dans le sable du désert.

Mon frère est une sentinelle de l'invisible.

Tu sais, il t'attendait, petit, devant la grande fenêtre
le regard au loin, confiant, prêt à être brisé, 
et tu l'as laissé là, à attraper le froid des nuits du Ténéré
à en construire sa folie de sable, pendant des heures
jusqu'à ne plus voir le réel.

Il parle encore de toi quand il se perds dans son délire.

Tu veux me voir, alors tu me vois
Je suis celle qui étais là, et qui reste
le feu, la lampe, la nuit allumée
Et je te murmure la pluie, la plaie
dans une hautaine et frondeuse indifférence, papa.

Non, je ne te dois rien, et non, je ne veux pas te voir. 

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