lundi, avril 29, 2019

Je n'ai pas le désirs des mains aux empreintes usées de corps, des yeux vides qui répondent aux exigences mécaniques, des masques de plaisir chorégraphié, des sons préenregistrés dans les bouches essouflées de sidequests, de ces pacotilles plastiques en série, que tout le monde cherche comme si elles étaient précieuses,

et qui pleuvent sur moi, me trempent, me gèlent.

J'ai envie de lécher les miettes d'éternité perdues sur le blanc de tes poignets, de te laisser effleurer les échardes mon âme dénudée et de cueillir mes frissons sur tes lèvres crues. Je veux te nouer lâchement autour de moi comme un foulard, te laisser libre de m'enlacer, ou de t'envoler.

vendredi, avril 19, 2019

Ancres moi, que je te revienne comme un bateau
en suivant le fil d'algues fines que nous tissons solide
des rythmes de nos doigts qui s'enlacent et se laissent.

Attache moi, noue à mes poignets fragiles
les cordes longues de ma liberté narvale
jusqu'aux profondeurs de ton univers de fer et de sel.

Laisse moi partir, ratisser les dessus dessous de mes mers
exister remuée de tempêtes dans mes dérives choisies
pour mieux te revenir, me retrouver dans nos abysses.

Possèdes moi dans ces territoires d'ombres
où nous sommes lumière.


samedi, avril 13, 2019

La glace fend, les eaux coulent sur nos terres à nu, la vie verte enfonce l’air profane, où tout est neuf. La douleur pulse ma renaissance pendant que tu me fores à la mèche.

Je suis ton arbre, à l’aube du printemps.

Ma sève me frissonne les nuits gelées, tu la recueilles le jour, me porte à tes lèvres. Je m’évapore, me concentre. Je continue d’exister enracinée dans mes terres ensevelies, mes fugaces bourgeons touchant au ciel, pendant que tu me bois chaude et ailleurs.

Tu m’étires, me bats à pâlir, des litres de mon essence dans tes territoires inaccessibles, mon odeur sur le bout de ta langue, avec ces mots qu’on ne dira pas. Je suis ici, seule, forte de l’esprit de ma forêt éclaircie, capable de donner jusqu’à ce que tu t’en ailles aussi, à la fin du printemps.

Je suis de la vieille écorce. Je me souviens. Le printemps me coule. Tu as l’odeur de ses mains fripées, sans ses vestes à carreaux. Tu as la douceur périlleuse de ses silences de poète. Je ne sais plus qui me manque.

Je fond en larmes ambrées sur la neige.

Les enfants rient.