samedi, juin 25, 2005

Adolf Hitler sur ma commode

Il était une fois, un petit poisson rouge queue de voile qui tournoyais dans son gros bocal tout rond. Il n'avait pas de souvenir de son enfance, ses capacités cérébrales étant plutôt limitées, mais avait du naître en aquarium, de père inconnu, tout comme ses cousins et cousines de qui il était maintenant séparé. Une drôle de personne, l'auteure, l'affubla du nom d'Adolf Hitler, ce qui l'indifférait totalement comme tout le reste. Adolf ne pensait qu'a manger même s'il frolait la mort tout les jours à cause de Chinook le chat qui lui, ne pensait qu'a le manger. La drole de personne oubliait parfois de les nourrir tous les deux, ce qui alimentait cette obsession boulimique.

La personne étrange et découettée avait faillis le tuer 3 jours plus tot, immédiatement après l'avoir adopté, en glissant à vélo sur une bande de trottoir trempée, vélo soudé aux corps à cause de nouvelles clips à soulier trop rigides, ce qui perça le sac du petit queue de voile qui fut sauvé in extremis mais sans séquelles grace à la vitesse vertigineuse du vélo devenu véhicule d'urgence prioritaire pour l'occasion. Mais de tout ça, Adolf n'en avait rien à foutre. Rien du tout.

Alors bienvenue chez moi petit poisson.

Batir

Le présent bati demain, ces présents à venir.

Cette obsession du plaisir immédiat de l'instant présent me dérange, ce désir de ne pas penser à demain, cette soif d'immobilisme, croissance sans cesse avortée.

Rien n'est plus précieux que le moment présent, mais réfléchir a ce qu'on en fait empeche de perdre son temps dans cette vie si courte.

Moi

je veux

batir.

M'amuser à le faire.

Pour me surpasser dans mes présents à venir, riche de mes apprentissages, aller au dela de moi, ne pas sans cesse recommencer les mêmes expériences avec pour seul bagage supplémentaire l'amertume.

Je n'ai plus envie de me donner dans ce qui ne me donnera jamais rien. De me tuer à vouloir vivre si intensément un présent qui passe beaucoup trop vite et qui empoisonne mes moments qui suivent.

Le bonheur est toute de suite, se fait chaque jour. Il est dans le chemin, pas dans la destination, encore faut il choisir son chemin pour découvrir autre chose et ne pas constemment tourner en rond dans un acre de terres fades.

Risquer oui, mais pour quelque chose. Pour que demain soit aussi beau, peut etre plus encore, qu'aujourd'hui.

Parce qu'on a tous une bombe dans le corps, une fin qui nous guette. La mienne est seulement plus arrogante. Si nous allons tous mourrir, alors vivons pleinement, avec l'espoir que demain arrive, parce que ce jour différent nous amenera plus loin, peut-être, et que nous deviendrons meilleurs.

Aurais-je le temps?

Ce n'est pas la peine

"- Les hommes, dit le petit prince, ils s'enfoncent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu'ils cherchent. Alors ils s'agitent et tournent en rond...
Et il ajouta :
- Ce n'est pas la peine ..."

samedi, juin 11, 2005

Mini défoulement littéraire express

Aujourd'hui, j'ai bu au moins 6 litres d'eau, et je l'ai toute éliminée juste en sueurs. Le meilleur remède à la canicule, c'est d'avoir encore plus chaud. J'ai donc sprinté comme une dingue jusqu'a la maison et la je suis tellement bien. Fait chaud??? Bah, vous êtes tous fous! On est au paradis!

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Je suis un ti peu mélancolique ce soir sous mes airs de célibataire sereine. Mais j'aime cent fois mieux cette situation que d'être avec n'importe qui, n'importe comment. Personne n'a réussis a faire battre mon petit coeur plus vite depuis fort longtemps. M'enfin presque, mais lui, es ce que ça compte, puisque ça n'a pas compté assez pour lui? Gros gachis. Jamais eu autant de choix de ma vie pourtant, autant de possibilité, rationellement interessantes. Pourtant, ce n'est pas ce que je cherche.

Aujoujd'hui, je crois que j'avais les hormones dans le tapis (cute le TGV!), marre de voir des petits couple se licher dans MA roue. Ça me manque par bouts... Ah les souvenirs, les espoirs, les regrets et surtout, l'envie de bâtir quelque chose de vrai et de beau avec quelqun qui me fait réellement tripper... Rien ne presse, j'adore tout de même ma vie comme elle est et je suis encore fragile des derniers mois.


Trop d'étoiles dans le ciel,
lueurs mortes
lever la haut des yeux qui coulent
la nostalgie brille plus fort
certaines nuits.

Je me perds dans le noir
traîtres astres
de ne plus vouloir ouvrir les yeux
trop d'étoile et de pénombre autour
les irritent

Crevez moi les pupilles ce soir
par pitié
que j'oublie les astres de la nuit, d'hier
pour mieux attendre un dieu soleil
en lequel j'ai perdu foi

lueurs mortes...
traiitres astres...
Rien n'est plus présents que les souvenirs, figés dans le temps. Éternité.

jeudi, juin 09, 2005

Tranche de vie , tranches de fruits

Je me suis réveillée à 6h ce matin sans cadran avec l'impression que la journée serait chouette. Mes draps m'ont supplié de leur tenir compagnie encore un peu, ce a quoi j'ai acquiessé: je suis une personne altruiste... Je me suis ensuite battue avec des caillous pour transplanter mes fleurs sous la fenetre de PEC et je les ai plantés, ces cailloux, et ces fleurs aussi! Pendant ce temps, mon orchidée est en train de crever totalement. On dit que c'est ça la vie :-P Et j'ai bien vécu aujourd'hui, tout fait ce que je voulais faire sans arrêter 30 secondes, en ne pensant pas trop à ce qui meurt, ce qui s'en va.

Moment du jour:
Je tranche une mangue, énorme, son jus dégoulinant sur mes poignets, sa chair fibreuse si douce se détachant avec une faible résistance du noyau entre mes doigts, son parfum doux, une expérience sensuelles fabuleuse. Surtout avec l'ambiance de notre souper de coloc, la musique, nos conneries, eux. C'est étrange de vivre tous les jours avec des gens et que lorsqu'on se retrouve tous ensemble certains soirs comme dans un party, tout heureux d'être ensemble, avec cette complicité déjà installée et tous ces rires. L'été sera chouette, un de ces rares ou on sera là tous les 5. Revenons en a cette mangue, c'étais la meilleure de tous les temps. Parfaite. Divine. On avait l'air de gang de pas tout à fait bien en train de la déguster. C'était plutot hillarant. Je suis probablement moi même pas tout a fait bien d'écrire tant de mots sur ce sujet, héhé.

Almodovar une prochaine fois

Petite soirée vidéo. On a pas pu écouter Almodovar comme j'avais prévu, le cable du DVD étant disparu... On est donc retourné au club vidéo pour échanger pour des VHS. Premier film: Novo. On s'est pas rendu à la fin. Pénible et bizarre sans but. On aurait peut-être embarqué à la longue mais on en avait marre de souffrir. J'ai encore prouvé à mes colocs que j'ai un don pour trouver les navets.

Au deuxième, La cité de Dieu, je me suis rachetée. Ils ont été septiques quand ils ont vu que c'était un film en protugais sous-titré affublé en prime d'une critique du journal de Mourial sur sa pochette, mais je crois que tout le monde à été conquis.



"Années 60. Gamin de onze ans, Fusée habite la Cité de dieu, une banlieue pauvre de Rio. Son grand frère vit de chapardages et se retrouve mêlé à un meurtre sordide. Petit Dé admire le gang de Tignasse et rêve de devenir le roi du quartier.

Années 70. Petit Dé prend en charge le trafic de drogue avec la complicité de Bené. Paranoïaque, le caïd souhaite se débarrasser des autres dealers. Plus sentimental, Fusée tombe amoureux de la jolie Bérénice.

Années 80. Petit Dé devenu Petit Zé règne sur un empire de la drogue. Il ne tolère plus la moindre résistance et viole la compagne de Manu Tombeur. Ce dernier s'allie avec Carotte pour se venger. Fusée devient le témoin privilégié de cette guerre urbaine. " (www.filmdeculte.com)



Basée sur des faits réels, on s'attache aux personnage de la favela qui sont présentés sans manichéisme, quelques scènes choc provoquent par leur violence, sans tomber dans la moralisation, on assiste à quelques tranches de vies, on y croit d'autant plus. J'ai adoré. Marquant dans la lignée de Trainspoting ou de Requiem for a dream. J'adore les films différents du cadre rigide et du sentationnalisme typique américain. On joue dans la nuance, la profondeur, la sensibilité et la subtilité. C'est à voir!



Bon, j'écoute Romane Serda et Cabrel, kétaine de moi et fière de l'être, en faisant le tri de mes boites de déménagement restantes. Pis je me dis qu'il est tard, que la matante en moi cri au scandale parce que ça-se-fait-tu-donc-pas-se-coucher-à-des-heures-de-même, que je devrais aller courrir en me levant demain, qu'en attendant dormir ça serait bien, que mes plantes ont donc ben poussé pis que mon Chinook est mignon avec ses grands yeux fluorescents.

Je cesse donc de sautiller sur le ballon suisse qui me sert de chaise, j'enlève mes petites lunettes rouges, celles qui me donnent un air de s... c... pour ceux qui les ont baptisées ;-), et je me lance direct dans mes beaux draps jaunes avec mon male poilu favoris. Le bonheur, c'est tout à fait ça.

mardi, juin 07, 2005

Petite journée

Série à la manière de:

Histoire en détail à la manière de Julie, mémère préposée à la grande roue.




Petite journée de travail ordinaire dans la vie de l'auteure...

L'auteure se lève. En fait elle n'a pas vraiment dormi, son nouvel appareil de rétention dentaire s'ayant déjà amusé à lui gâcher l'existence. Il ne suffit pas de si peu pour perturber la bonne humeur légendaire de l'auteure. L'auteure avale un quart de cantaloup bio et du fromage cottage pas tout à fait frais, comme elle l'adore , en profitant de la fraîche douceur matinale, prenant juste assez de temps pour être en retard à son travail. L'auteure, fidèle à son habitude, adore défier le temps.

Après avoir enfilé en vitesse son pantalon bleu d'uniforme et une camisole aqua et avoir enfoncé en vitesse son lunch et le reste de son habit de préposée au manège dans son vieux sac à dos, l'auteure enfile ses clips à pantalon et saute sur son intrépide bolide. Malgré tout les pépères et les mémères qui se mettent entre elle et sa destination comme tant d'obstacle à sa ponctualité, l'auteure redouble de quadriceps et de mollets et arrive à son point d'arrivée en avance, enlève sa camisole pleine de sueur, se lave un peu puis se métamorphose en employée modèle.

Le reste de la journée se déroule dans le rythme des pauses et des changements de poste, minirail-controle grande roue-portes grande roue-pause, dans un éternel roulement qui n'en finit plus de rouler comme la roue qui roule sans fin, dans le tintamarre assourdissant de troupes d'adolescent en sortie scolaire qui en profite pour faire tout, absolument tout, ce qu'on leur interdit ailleurs. Un mal de tête se dessine à l'horizon mais le déconnage légendaire entre l'Équipe Granderoudienne aura raison de lui. L'auteure aime bien son travail.

L'auteure refuse les invitations à aller veiller, enfile une fois de plus son fidèle vélo après ses 10 heures de travail, pour se payer le pont Jacques-Cartier, traverser Ville-Marie, le Plateau Mont Royal, Rosemont, la Petite Italie et Villeray pour se retrouver sagement à la maison, devant son ordi, derrière son ventilateur, à manger des cerises et écrire son blog pour retarder l'heure fatidique ou elle devra aller nettoyer la salle de bain puisque c'est son tour aujourd'hui. Biark!

Elle ira peut-être ensuite prendre un petit thé, ramasser un peu, placoter avec ses colocs, prendre sa douche, se brosser les dents, remettre son "appareil-de-rétention-dentai-re-et-de-tortu-re-menta-le" et se coucher tôt puisqu'elle est en congé demain et que ces jours là sont autrement plus palpitant que ses jours de travail. Peut-être pas non plus. Qui donc peut prédire l'avenir?

lundi, juin 06, 2005

Fini les broches

Ceci est un message d'intéret public:

l'auteure de ce blog n'a

PLUS DE MAUDITES BROCHES!!!!

Yippiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!


(elle devra par contre porter toutes les nuits un superbe appareil de rétention qu'elle a présentement en bouche, qui l'empêche de parler, qui la fait baver comme un Saint-Bernard et qu'elle déteste déjà)

Pas grave, c'est le bonheur!

dimanche, juin 05, 2005

De la peinture!

Je suis encore pleine de bleu, de jaune! C'est le renouveau dans l'appart et ça fait un bien fou. je savais déjà que Pat serait un coloc extraordinaire mais Samaelle a une façon d'être tellement calme et présente qu'elle balance l'énegie de l'appart et la mienne. Et on peinture! On remélange les couleurs, on refait la toile. L'ambiance ici est extraordinaire.

C'est symbolique pour moi.

J'ai l'impression d'avoir enfin fini de laver les pinceaux de ma vie, de pouvoir créer quelque chose de nouveau. Je suis allée chercher tous les matériaux en moi et fait la paix avec mes toiles manqués, appris de la technique au passage.

Et c'est comme ça que je vois ma vie désormais, comme de l'art. Puisqu'on ne sait pas toujours vers quel but se diriger, si la beauté est dans chaques pas, aucun n'est perdu même si on s'est trompé de direction et la peur de se tromper et de gacher sa vie disparait. Être tout en couleur et vivre en nuances. Devenir plus profondes à chaque coup de pinceau, chaque expérience. Peindrre intensément le présent pour préparer un futur superbe; se retourner à la fin et voir la beauté de ce qu'on a créé.

Je suis heureuse aujourd'hui. Et même pas malade en plus.

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Je me sens comme Dieu qui réfléchit à sa création. (ça sonne drole, je l'écris pareil, lol) Et je me demande parfois si je n'abuse pas du présent. Cette vie trop trépidante de jeune étudiante branchée me pèse parfois mais elle est tout de même la meilleure façon de vivre à Montréal, une occasion d'apprendre des choses et des gens. Mais je me demande si je n'ai pas tout vu ici, la vie en groupe, le militantisme, les partys, les échanges, les expériences culinaires, avoir mille millions de connaissances etc...

Mais pour la première fois depuis longtemps, je me surprends à avoir envie d'autre chose. De calme, de tranquilité, de sérénité. J'irais jusqu'a dire, d'une petite vie tranquille maison-bébé-chien-(chum) version énergie hop-la-vie à ma sauce personnelle. (ehhh, ça me fait tout drole d'écrire que j'aurais envie d'un chum et d'engagement, j'suis pas encore convaincue de trouver un jour un homme qui me corresponde et qui soit minimalement un peu stable dans sa tête, lol) Ce qui est sur, c'est que je n'ai plus envie de perdre mon temps dans ce qui ne m'apporte rien et qui ne mène à rien.

Sur ce, comme la vie eest courte, j'ai d'autres choses à faire. Je retourne à mes pinceaux.

vendredi, juin 03, 2005

How could this happen to me



Je vais vomir si la tête m'éclate pas avant. Je me sens totalement gelée.

Dr Bélanger a dit de se préparer à l'idée de la chirurgie. C'est stupide mais la première question qui m'est venue, c'est a propos des cicatrices et de mes cheveux. Heureusement, c'est une chirurgie transnasale donc pas d'inquiétudes au moins de ce coté. (quoi que ça me semble pas très stérile de passer par mon nez pour se rendre à mon cerveau, j'imagine le mélange, vaut mieux en rire...) Comme si c'était important...

Ça sera peut-être pas necessaire.

La copine de Philippe m'a dit qu'une de ses amies a eu la même chirurgie et qu'elle a perdu la mémoire de toute sa vie avant l'opération. Merci de l'info, ça me rassure...

Rester positive...

Si jamais ça m'arrivait aussi, je pourrais au moins ne plus rêver à l'homme de la St-Jean. J'ai fait mon pire cauchemard à vie il y a quelque jours. Une fille me racontais qu'elle l'avait aussi subi apres moi et elle m'engueulait en me disant que tout était de ma faute et en me demandant comment j'avais pu oublier ce visage là, et alors, son visage se décomposait aussi. Je me suis réveillée et mon coeur à mis au moins 10 minutes à reprendre son rythme habituel. Double valériane pour arriver à me réendormir quelques heures plus tard. Mais je me sens encore coupable d'avoir oublié. Ça n'a pas de sens. J'aurais voulu oublier le reste, pas ça.

Je trouve ça dur. Tout bouge ces temps ci et je voudrais un peu de calme. La vie n'est pas toujours juste. Il y a vraiment trop de trucs dans ma tête. J'ai les nerfs à fleur de peau et je me demande bien ce qui peut encore me tomber dessus. Mon récent célibat est parfois plus dur à avaler, j'aurais envie particulierement ce soir que quelqun me serre fort fort et me dise que ça va bien aller. Je me sens extremmement fragile et ça m'écoeure.

Mais d'un autre coté, je ne me suis jamais sentie aussi libre. Je n'ai plus rien à perdre et des millions de rêves pour le présent et l'avenir. Et j'ai la force de grandir et d'apprendre dans tout ça. Ça peut juste aller mieux. J'ai vu pire, et il y a bien pire encore: Mélan me parlait d'une petite de la rue que son père dealer attachait a un lit pour que ses clients puissent se la faire (j'suis vraiment pas prête à retourner en intervention cet été pour entendre des histoires comme ça, j'suis tellement trop impuissante!)

Je vais me coucher, en espérant être moins malade demain: j'ai des tonne de trucs cool à faire et de gens que j'adore à voir!

mercredi, juin 01, 2005

Si tu me olvidas

Pour celui qui s'en va demain:



Si Tu Me Olvidas

Si tu me olvidas
Quiero que sepas una cosa.

Tú sabes cómo es esto:
si miro
la luna de cristal,la rama roja
del lento otoño en mi ventana,
si toco
junto al fuego
la impalpable ceniza
o el arrugado cuerpo de la leña,
todo me lleva a ti,
como si todo lo que existe,
aromas, luz, metales,
fueran pequeños barcos que navegan
hacia las islas tuyas que me aguardan.

Ahora bien,
si poco a poco dejas de quererme
dejaré de quererte poco a poco.
Si de pronto
me olvidas
no me busques,
que ya te habré olvidado.
Si consideras largo y loco
el viento de banderas
que pasa por mi vida
y te decides
a dejarme a la orilla
del corazón en que tengo raíces,
piensa
que en ese día,
a esa hora
levantaré los brazos
y saldrán mis raíces
a buscar otra tierra.
---
Pablo Neruda


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Si tu m'oublies
je veux que tu saches
une chose.

Tu sais ce qu’il en est:
si je regarde
la lune de cristal, la branche rouge
du lent automne de ma fenêtre,
si je touche
près du feu
la cendre impalpable
ou le corps ridé du bois,
tout me mène à toi,
comme si tout ce qui existe,
les arômes, la lumière, les métaux,
étaient de petits bateaux qui naviguent
vers ces îles à toi qui m’attendent.

Cependant,
si peu à peu tu cesses de m’aimer
je cesserai de t’aimer peu à peu.
Si soudain
tu m’oublies
ne me cherche pas,
puisque je t’aurai aussitôt oubliée.
Si tu crois long et fou
le vent de drapeaux
qui traversent ma vie
et tu décides
de me laisser au bord
du coeur où j’ai mes racines,
pense
que ce jour-là,
à cette même heure,
je lèverai les bras
et mes racines sortiront
chercher une autre terre.


Pablo Neruda