samedi, mars 21, 2020

L’ordre du monde qu’on ne reconnait plus,
pandémie.
T’as du reprendre le tablier de ta grand-mère et, à distance
tu portes aussi les temps modernes,
et tout tire, menace de déchirer,
comme d'habitude.

Etre une femme comme d'autres précaires, encore,
responsable du désordre
alors que tout est à l’envers,
tes cheveux, la pièce, la planète.
Des ordres, désordres, et toi en dessous pour tout porter
sur tes épaules, les plus p’tits, les gens importants, toute,
responsable d'aimer à toi seule,
ce qu'on devrait aimer ensemble.

Nous sommes confinées,
bien au delà des quarantaine,
nous sommes, depuis des siècles
en feu,
nous qui n’avons pas brulé
au temps de l’inquisition, et pourtant,
on ne tient pas nos torches pour le changer le monde,
non. Non.
On torche ceux qui salissent,
sorcières aux balais brisés.
On ramasse pour ceux qui prennent tout
sans déranger l’ordre des choses.
On époussète gentiement, jusqu'à s'épuiser,
la cendre sur une planète en feu.

Et il faudra quand même ramasser, d'une main,
et de l'autre, tenir nos enfants
et de l'autre, alimenter le brasier.
Et ne pas craquer.
Et sourire. Gentiement.

Les mèches en désordre, la rage qui chauffe, je lancerai
la serviette au visage de ceux
qui se suffisent du monde d’avant.

Et avec les autres, on fera autre chose.
Ensemble.
6e jour de quarantaine. Le ciel gris se vide. Respirer creux.

On retiens notre souffle devant les failles, en s'inquiétant pour ceux qu'on ne peut tenir dans nos bras, pour ceux dont on connaît l'odeur, pour tous les autres. Le temps donne la conscience du superflu, de la peau des autres qui manque, de notre interconnexion, sans possibilité d'oubli.

Les humanités s'ouvrent, se ferment, souvent, se bloquent, comme le mouvement d'un grand poumon malade. S'ouvrent.

Se ferment comme le chemin Roxham.
S'ouvrent comme un sac de farine a ma porte.
Se ferment.

Le ciel lui, donne, coule.