jeudi, septembre 29, 2016

Les échardes de ma propre errance se prennent dans ton hijab ou à tes pantalons élimés, et ce qu'elles creusent en rouge sur ma peau marque l'évidence : je vois tes mots étouffés du trop, parce qu'ils résonnent loin dans mes murs d'exilée.

Et si on continue de rire et de vivre, je sais qu'il n'y a pas de lieu de retour pour couvrir les frissons qui te tremblent le corps, pour rassurer vraiment les enfants réfugiés dans tes entrailles, sans abris et orphelins. Je sais. Les bras du vide serrent sans contenir. La liberté, l'espace et la chance te donnent l'envie de te rouler en boule quand t'as juste besoin de trouver ton port.

Je te chuchote mon envie permanente de hurler, doucement, pour que tu saches que mes yeux sont en face des tiens et que je te vois, toi, qui n'arrive plus à regarder l'horizon, et encore moins le ciel, avec toute ta force.

De l'air et du vent; c'est la liberté qu'on a eu en cadeau tranchant, celle de partir de rien ou de se faire bruler le monde, et celle de tout inventer.

#JeSuisTS #JeSuisAvecToi


Le faucheur

Je ne t'ai jamais attendu. 
J'ai tracé les symboles qui manquaient à la nuit
J'ai couvert de mon keffieh, comme un père,
son petit corps d'enfant inanimé, en silence
dans le sable du désert.

Mon frère est une sentinelle de l'invisible.

Tu sais, il t'attendait, petit, devant la grande fenêtre
le regard au loin, confiant, prêt à être brisé, 
et tu l'as laissé là, à attraper le froid des nuits du Ténéré
à en construire sa folie de sable, pendant des heures
jusqu'à ne plus voir le réel.

Il parle encore de toi quand il se perds dans son délire.

Tu veux me voir, alors tu me vois
Je suis celle qui étais là, et qui reste
le feu, la lampe, la nuit allumée
Et je te murmure la pluie, la plaie
dans une hautaine et frondeuse indifférence, papa.

Non, je ne te dois rien, et non, je ne veux pas te voir. 

jeudi, septembre 08, 2016

Ce temps qui ralentis et alors que je suis happée, helpless, par ma singularité, si pleine d'énergie, masse compacte, nous sommes plusieurs à exister dans l'univers comme des trous noirs, à avoir en nous des masses denses qui happent la lumière, qui crachent, mystifient, relativisent le temps à le rendre parfois insupportable, fascinent. Rien de tangible, surtout pas les certitudes et encore moins l'amour. Derrière l'horizon des événements, l'espace temps est distordu et rien n'est plus explicable. Et je suis vivante et je le hurle sans écho. Et j'aime.

Et j'ai mal. C'est l'espace qui nous manque. Une densité faible, qui respire mieux. De quoi ne pas être en boule, de son coeur à son corps. Et pourtant, je respire, du big bang au big crunch, toujours en mouvement.

Et j'ai froid. Et encore, l'essence est là, compacte dans le noir, et naissent les univers insaisissables et magnifiques. Se deviner dans le ciel sombre, comme une petite fenêtre sur tout ce qui a une probabilité d'existence. J'existe même quand je doute, peut être, mais l'univers noir, il brille.

Et je brûle. Et de toute mon insignifiance dans l'ensemble, j'existe dense, et j'oublie de quoi je suis faite, et j'inssiste pour briser en mon coeur toutes les règles. Je crée, j'invente, je flotte, perdue mais les deux pieds plantés sur la terre, le vide et le plein au centre de soi, alors que tout se répète dans toutes les dimensions, de l'inimaginablement élémentaire à l'insaisissable vaste, et que tout se lie.

J'ai vu les dimensions et la relativité de l'espace temps. Je les ressens dans la tensions sur mes cicatrices, ces histoire du monde et des gens, impossible à dire, stucked.

J'ai tout vu, et je ne sais rien: ta douleur, ta lumière, la mienne. Je suis une probabilité qui croit qu'elle existe, juste à coté de toi, ici et ailleurs en même temps, trop lucide pour avoir des certitudes mais consciente que l'instant est ce qu'on peut saisir de plus précieux.

Je suis là quand même, peut-être, de tout ce que je peux, de tout ce que je crois, à créer le sens à défaut de le trouver, à saisir ce qui lie, à revendiquer l'impossible.