mercredi, juin 20, 2007

La guerre

Il y a des nuits ou des peurs coursent dans mon corps en ne laissant qu'une empreinte inidentifiable, me laissant fragile comme une petite chose combative et traquée. Lorsque j'arrive à pleurer, c'est que j'arrête de me battre et qu'enfin cette lourdeur des exigeances que je m'impose laisse la place au reste de moi pour respirer. J'ai le droit de n'être qu'imparfaite, de baisser la garde, d'être insouciante face à ce monde qui pourrait me faire mal ou pire encore, insouciante face à ces imperfections que j'ai peur de découvrir en moi.

Ne pas essayer de controler le cours des choses n'est pas naturel. Vivre du bonheur qui me tombe dessus me semble anormal vu l'effort que j'ai pu mettre à le produire en artisane bornée avant.

Il est plus dur d'apprendre le calme lorsqu'on est un vétéran de guerre. L'inertie me semble suspecte, comme si les troupes ennemies m'épiaient ou qu'un champ miné était devant sur mon chemin bucolique. J'avance bordée de paquerettes sous d'énormes nuages dans un ciel bleu, les nerfs a vif comme si j'étais au coeur de Bagdad. Se préparer à se battre est aussi fatiguant que le faire mais surtout, parfois inutile.

Je prends ma retraite de la guérilla jusqu'à ce que j'arrive à devenir un maître zen. J'ai assez vu de sang mais je ne regrette rien de tout ce que j'ai gagné en force et connu sur les champs de bataille.

Il y a aussi un temps pour reconstruire.

5 commentaires:

Anonyme a dit...

en fait, chaque petite et grande chose qu'on a fait dans la vie, bon ou mauvais expérience, nous construit et donc chaque chose est precieuse en soi...

Anonyme a dit...

J'aime beaucoup la manière dont tu parles de ce parcours émotionnel.
"Il est plus dur d'apprendre le calme lorsqu'on est un vétéran de guerre". Comme c'est bien dit. Mais c'est bon d'oser se poser le temps de la reconstruction.Ca vaut la peine. Bonne nuit et merci pour ta visite.
Malaïka

Cergie a dit...

La reconstruction on en parle maintenant mais qu'en était-il du temps de mon grand'père qui avait un caractère épouvantable après cinq ans dans les tranchées ?
Oh ! Oui ! Laz reconstruction n'a pas été prévue et j'en ai pris conscience lors d'une émissuon "la marche du siècle", il y avait encore des "vétérans" de la première guerre. Et la pauvre main tremblante sur laquelle s'attardait la caméra en disait beaucoup plus que les témoignages donnés...

Mais les guerres dont tu parles ici, ce sont tes luttes "intestines", n'est ce pas ?
J'ai beaucoup de luttes intestines et intérieures moi aussi dont je finis par sortir vainqueur mais souvent épuisée...

LadyM a dit...

tes mots sont tellement si justement choisis, construits pour donner un sens tellement cibles. oui, depuis que j ai fini d etre en guerre avec moi-meme, je me sens maitre de ma vie et c est fantastique. felicitations guerriere pacifique, et belle route! es-tu allee a kamouraska alors? au plaisir. oxox

Vertige a dit...

Zara: tu as bien raison, on est ce qu'on a vécu et c'est précieux de la trace que ça laisse. A bientot xx

Malaïka: Merci de ton passage! Tout mouvement est un équilibre entre le repos et un mouvement encore plus rapide. Je remet mon équilibre vers la tranquilité. C'est une chance incroyable de pouvoir le faire. A la prochaine! xx

Cergie: oui, je parle bien de ces luttes qui se passent en moi et de ces combats auquels la vie nous soumet sans distribuer une part égale à tout le monde. Je n'ai pas vu le documentaire dont tu parles mais je crois que tous les combats ont un point commun: on a pas idée de ce qui nous attend quand ils se terminent puisqu'ils continuent à vivre en nous, pour le pire et pour le meilleurs aussi. Ça nous façonne. A bientôt!xx

Ladym: Merci! La plus grande guerre, c'est souvent avec soi même. C'est aussi la plus belle armistice! On est toujours pas allés à Kamouraska mais on devrait y être avant la fin de l'été! A bientot sur ton blogue!
xx